Autour du Q

      Qu'on se le dise, c'est une disserte de Q que je vous soumets ici… Que pour ceux que cette lettre dérange passent leur chemin car il sera dit des choses ne tournant qu'autour du Q, cela va s'en dire….

Merveilleuse lettre en fin d'alphabet relevant un fait, à moins qu'il ne s'agisse d'un membre ou une partie du corps des petits d'hommes que nous sommes, et dont on ferait bien d'en apprécier un peu plus les bienfaits qu'il nous procure…

Quelle mouche à donc piqué ces détracteurs du Q à vouloir à ce point l'ignorer ? A le faire évincer par cette lettre pas si extraordinaire que ce qu'on veut bien dire. Ce A et ses grands rêves d'amour….. Ses grandes espérances retombant si souvent aussi vite qu'elles nous avaient assaillis.
Il faut bien admettre que le Q n'est le début d'aucun grand mot, et pis encore, c'est par détour que nous avons dû emprunter un Q pour parler de cul ! S'il est vrai que le C est bien moins hardi qu'un Q, quel manque d'audace tout de même, pour une lettre tout en courbe et si parfaite. Mais le Q et n'en déplaise aux contestataires de tous bords, est quand-même le début des mots les plus utiles et dont on se sert le plus souvent, à savoir : Quand, Qui, Quoi et séquencé un pourQuoi valant toutes les Questions qu'on ne pourra jamais se poser.
Mais revenons un instant à ce A, qui finalement, mis à part l'Amour ne peut prétendre avoir autant de couleurs qu'un Q. Ce Q tout en rondeur et prometteur, juste flanqué de sa petite queue.  Ce Q promettant une fulgurante concupiscence tandis qu'un A peut s'avérer si compliqué à dompter. Alors oui, un Q vaut bien un A, qu'on se le dise…

Mais je m'égards, venons-en à ce que vous attendez tous, petits vicelards, et ne venez pas me dire le contraire. Je vous voie d'ici. Je vous entends trépigner sur votre chaise de bureau à l'idée de ce qui pourrait suivre… Et vous allez en avoir pour votre effort.

Qu'il soit baillant, serré ou crispé. Blanc, noir ou transparent, le Q que vous appelez si poliment votre séant, ne mérite pas cette indifférence que vous lui porter.
Imaginez un instant que ce ne sont pas des personnes que vous voyez déambuler devant vos yeux mais des Q. Tous ces Q allant et venant, se déhanchant ou se voyant crispé, se rétractant, se cambrant. Songez à tous ces Q se côtoyant, se frôlant, se touchant. Désirant, implorant, suppliant des caresses et un intérêt somme toute, légitime. Ne laissez personne vous dire le contraire, votre Q est bel et bien une place des fêtes. Un coussin de sensations les plus troublantes. Les plus folles et les plus inavouables il est vrai. Mais aussi un temple sacré que vous-même, hésitez de pénétrer alors que vous en avez la clé pour y entrer.
Magnifique navire construit de sensualité et aux plaisirs multiples, il vous interpelle le plus souvent, car rarement, vous laissez vos fantasmes l'emporter même du bout des doigts, vers ces océans aux vagues vertigineuses et aux courants enivrants. Même cela, vous tentez de le contrôler comme si c'était un sortilège de malaxer, baiser ou lécher cette lune d'amour, ne demandant qu'un peu de reconnaissance. Qu'un moment de bien-être.

Pourtant… vous aimez les regarder ces Q dans la pénombre se soulevant et retombant lorsqu'ils forcent la jouissance à vous libérer d'une béatitude sans pareil. Vous ne pouvez détourner les yeux lorsque collés aux fesses des passants, vous en apprécier leurs contours et souhaitez tant les toucher. Qui ne regarde pas un Q d'apollon se dessiner et fendre le vent d'un élan souverain. Un de ces magnifiques ballons ronds, redondons et accueillants. Ferme et fondant à la fois. Un Q merveilleux pour qui sait en trouver le sésame, capable de nous emporter vers des rivages dont nous ne soupçonnions pas même l'existence... Et ne faites pas vos offusqués, vous savez très bien, et vous aussi mesdames, que la cambrure d'un Q est plus qu'agréable à reluquer lorsqu'elle épouse nos fantasmes les plus secrets et aiguise les désirs les plus déconcertants. Car s'il est une chose que nous ne pourrons jamais contrôler, et ce, malgré l'éducation, malgré les religions, malgré les coups de règles et les régimes dictatoriaux ; malgré les costumes préservant nos formes des regards, ce sera ce désir que lanceront toujours ces Q méritant bien ici et à coup sûr, un A pour l'occasion.


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